L’autre vie de Vitalie Taittinger Vitalie Taittinger: « Je voulais être peintre. »
L’art contemporain est quelque chose qui parle de liberté, de diversité, de singularité. C’est le contraire de l’élitisme ». La vie de Vitalie Taittinger ne s’est jamais limitée à être l’arrière-petite-fille du fondateur de la maison de champagne rémoise. Cela va d’ailleurs souvent de soi dans cette famille où se croisent hommes politiques, chefs d’entreprise et artistes. Directrice de la communication et du marketing de la Maison Taittinger, elle a son propre sésame, l’art. Le 28 novembre dernier, Vitalie Taittinger a été élue présidente de Platform, l’association nationale qui accompagne les 23 Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) de France dans leur développement. Jeune, femme, présidente du FRAC Champagne-Ardenne depuis à peine un an, elle a succédé à Bernard de Montferrand, qui ne se représentait pas. Elle l’a emporté après avoir défendu « une présidence d’ouverture, constructive ».
« Je voulais être peintre », rappelle-t-elle. Vitalie Taittinger étudie donc le dessin à l’école d’art Emile Cohl à Lyon, signe avec un ami de la famille la première monographie consacrée au peintre surréaliste Alfred Courmes, crée sa micro-entreprise en tant qu’illustratrice. Pendant six ans, elle travaille en liaison avec le monde de l’entreprise : design, graphisme… La bascule date de 2007. L’histoire est en passe de devenir légendaire : contre toute attente, son père,Pierre-Emmanuel Taittinger, réussit à garder dans le giron familial cette prestigieuse marque de champagne. Il en a gardé une aura qui lui vaut aussi d’être le président, très fédérateur, de la mission Unesco « Coteaux, maisons et caves de champagne ». A l’instar de son frère Clovis, directeur export, Vitalie Taittinger rejoint alors l’aventure. Il lui faut d’abord faire ses armes comme consultante. Dans le même temps, elle incarne la marque dans l’affiche célébrant L’Instant Taittinger.
« Le fait de m’être posée la question de l’image pendant des années, de réfléchir à la manière dont on traduit un sentiment en objet, change ma perception du métier d’aujourd’hui, relève-t-elle. On sort de la mécanique du résultat pour être en empathie avec la maison. Avoir sa place, c’est accepter ce que l’on est. Ce n’est pas ce qu’on apprend dans les écoles de marketing ».
Le champagne est un vin qui invite à être généreux, l’art contemporain aussi. Les FRAC ont pour objet d’agir en faveur de la création et la promotion d’œuvres contemporaines. C’est une culture « difficilement accessible, ou qui paraît l’être ». Raison de plus, poursuit-elle, pour le défendre auprès du public comme un« vecteur de liberté ». « L’art contemporain représente vraiment la diversité, dans une société où cette notion est devenue une vraie question. C’est un bel outil pour abolir les frontières et se pencher vers les individus ». A la tête de Platform, Vitalie Taittinger souhaite que les FRAC se vivent en archipel, où chaque Fonds garde son identité tout en créant des synergies. « Le maillage du territoire est au cœur de notre mission », conclut-elle.